"La gare de Plounevez-Armor"

La gare de Villiers-le-Genne

Description

Maintenant, cet ancien réseau d'exposition est devenu une partie du réseau fixe HO au local du club.
Courant 2005, ce réseau sera en dépôt chez l'un des membres de l'association.
Voici le texte d'André Delcamp, ancien Président du RMB, publié dans Loco-Revue n°642 (12/2000).

Quand le RMB révolutionna le modulaire

Crissements des freins du "Picasso" ... terminus Villiers-le-Genne ! En posant à 9 h 30, ce samedi d'été, le pied sur le quai -comme je le fis fréquemment ces vingt dernières années- la même sensation de bien-être m'envahit. La vallée est large autour du bourg de Villiers-le-Genne, aux pieds des contreforts de la chaîne des puys. Un coup d'oeil semi-circulaire me le confirme, son attrait répond encore à ma sensibilité d'aujourd'hui.
A regarder plus attentivement, je remarque quelques nouveautés apparues dans le site. Et, comme en flash-back, je revois mes premiers amis, des personnages haut en couleur, qui lui donnèrent sa saveur. Bernard Thiriet, le chef de gare, un fan du professeur Lorgnon et ses pittoresques randonnées ferroviaires dans "Notre Métier", la "Vie du Rail", a été muté plus au sud. Jean-Luc Salentiny, un bâtisseur hors pair, n'est plus derrière le comptoir du bar de la place de la gare. Il l'avait construit après avoir cédé sa menuiserie, située quelques centaines de mètres en remontant vers le passage à niveau, tenu par sa femme, Josée. Tôt le matin, chacun pouvait la voir s'activer dans son petit jardin. En face, je retrouve une maison blanche, celle de Robert Soulié, devant son usine d'embouteillage. Elle affiche aujourd'hui sa marque, enfin reconnue : "L'eau Tharry, source de vie". La mise en valeur et l'exploitation de cette excellente eau de source assure un volume de trafic non négligeable et le maintien en antenne de cette ligne à voie unique après la fermeture de l'autre tronçon, l'activité agricole et forestière, au-delà, s'étant avérée insuffisante. L'automobile connaît, elle, de beaux jours, un nouveau garage a été construit à l'emplacement de celui de Danny Geoffroy.
Avec Robert qui m'attend nous allons rejoindre Nikola Pasulj, le mécanicien de l'X 3800, et refaire pendant ce week-end le tour du pays.
Un site, une époque, une ambiance, pour offrir à nos trains un pays réel créé par l'imaginaire, une transposition réussie par des modélistes sensibles au regard des autres.

Sortir du réseau ovale

Au début des années 80, il y eut peu d'hésitations, au club de Gennevilliers Rmb (Rails miniatures de la boucle), pour donner corps agrave; nos rêves, avec la concomitance de la création du club, le lancement par la FFMF du modulaire et du modélisme d'atmosphère par Loco-Revue. Des espaces recentrés autour de la voie et des circulations, le tout avec le plus de réalisme possible -nous voulions créer une succession de cartes postales d'ambiance ferroviaire.
Ainsi, Villiers-le-Genne, anagramme du nom de la ville sièe du club -dont le club reproduirait ultérieurement les gares- prit corps plus précisément après la présentation par "Voies Ferrèes" de la ligne des Cévennes, du Val d'Allier, de la gare et la halle de Monistrol.
Pour affirmer notre option : sortir du train qui tourne en rond et en continu, Villiers-le-Genne sera une voie unique en cul-de-sac, également pour entrer dans un monde ferroviaire attrayant avec un site obligeant à la manoeuvre.
Sa réalisation se décomposa dans le temps et l'espace, comme nous le permet la technique modulaire, par l'adjonction de modules. Au commencement, un tracé de voies simple s'imposa, sur deux modules de 1,22 m, pour la gare avec voie d'évitement, sa halle, sa petite cour marchandises, la place de la gare, son bar restaurant et quelques bâtisses.
A l'évidence, même pour des quais courts de 145 mètres, il nous fallut intercaler un demi-module (0,66 m). L'une des extrémités, le cul-de-sac immédiatement après la gare, fut implantée sur un prolongement d'un demi-module. Dans la direction encore en service, se succédèrent d'autres modules normalisés, au gré de l'inspiration. La première idée émise, un nouveau module, une petite remise pour une machine de manoeuvre et l'embranchement industriel de l'usine d'embouteillage, fut concrétisée avec bonheur.
Aller à la rencontre du public, pour ce petit ensemble conçu pour être autonome, nécessita une boucle de retournement. L'unité de l'ensemble se structura. Cette boucle sera précédée d'un autre module sur lequel la ligne disparaîtra, par tunnel, dans le flanc d'une colline. Cette colline, prémisse de contreforts montagneux, fixera la perspective et dissimulera la boucle, voie de constitution des trains, siège des autres gares de la ligne. La base de ce réseau est en place.
La voie, du Peco code 100, nous apparut, en 1982, comme le summum pour recevoir du matériel Jouef, lima et Roco sur un réseau collectif. La ligne sera régie d'abord avec des commandes d'aiguilles mécaniques, qui ne furent pas maîtrisées par tous, puis plus communément, par des moteurs d'aiguille Peco et d'un pupitre (petit TCO).
Plusieurs systèmes de dételage ont été mis en place avec des repères : passage planchéifié, chef de gare sur le quai. L'un pour le système d'attelage à boucle, mais modifié, l'autre récemment, pour les Kadee.
Le passage à niveau, aval, connut presque tous les modèles ; le LMJ "moderne", fonctionnel, donne aujourd'hui satisfaction. Celui, amont, n'intervient que pour les manoeuvres sur le cul-de-sac, garda sa vieille barrière roulante.
La richesse de la signalisation mécanique unifié offerte par MKD, carré, carré violet, sémaphore, habilla la voie. Certes, un peu fragile pour du matériel collectif et transportable, son fonctionnement permanent s'avère encore aléatoire.
Le premier bâtiment construit fut celui de la remise. Sa facture nous enthousiasma dès sa mise en place. Son originalité, sa finesse, sa patine donnèrent bien du style à mettre en oeuvre. Murs en crépi, toit de tuiles avec celles de rives, portail fonctionnel en vrai bois, gouttières avec leurs fins crochets, les descentes, sa fosse, tout y était et à l'échelle.
Les autres bâtiments, gare, halle, hôtel restaurant, maison individuelle et usine, sortirent "de terre" selon les propositions de "Voies Ferrées", d'Alain Prat ou par la modélisation de la propre maison d'un adhérent, en carton, carton plume, Canson, plasticarte ou avec les kits Jouef et MKD (maison du garde-barrièe, scierie) ou des kits britanniques, distribués à l'époque par "La Libéronnière".
La végétation surgit par la recherche et l'application successive de techniques comme celles de petits branchages, de fils torsadés couverts de flocage divers sur de la paille de fer, de la chenille tissée, pour arriver aux plantations de végétaux miniatures, zeechuim, encore plus figuratifs. Les matériaux de flocage proposés par Woodland seront très utilisés pour la variété de leur texture et de leurs tons.
A chaque lieu, sa vie avec ses personnages mis en scène : des joueurs de boule, un badaud assis sur un talus, des travailleurs agrave; la scierie, aux champs et dans la cour marchandises, des voyageurs sur les quais, etc. ... le style fut respecté.
La jonction avec d'autres modules, d'autres clubs, n'est-elle pas l'une des finalités offertes par le modulaire ? Un module de raccordement avec une déviation en double voie l'autorisa. Avec un autre, intermédiaire, pour la séparation des voies montantes et descendante, passant sur un pont sous lequel coule une paisible petite rivière, compléta le site.

Sortir d'un trafic incohérent

La ligne est plausible, mais ce développement ne donna que parfaitement satisfaction. Incluse dans de grands ensembles, la VU ne reçut souvent que ses propres mises en circulation et quelques rares autorails. Elle mit en exergue les limites de la spontanéité des circulations en inter-clubs. Les grands réseaux modulaires d'exposition, dont l'absence d'unité choque parfois, ont tendance à redevenir, enfin de compte, des "ovales" classiques de plus grandes dimensions. La nécessaire coordination est rare ou trop succincte et passe souvent aux oubliettes. La quasi-absence de signalisation fonctionnelle de ces réseaux est d'ailleurs symptomatique. A Rouen, avec l'Eurotrack, une fois, j'ai vu une tentative de mise en place d'un block système de pleine ligne, avec des mini-modules de 150 mm incorporés à distance raisonnable sur un grand réseau inter-clubs avec gestion centralisée.
Les possibilités offertes par le modulaire collectif n'appellent-elles pas un renouvellement de son approche pour offrir un spectacle de qualité ? La FFMF en prendra-t-elle seule l'initiative ?
L'influence d'Expomètrique, valorisant les petits ensembles unifiés, l'aspiration à une nouvelle autonomie pour une meilleure maîtrise des circulations nous repositionna vers nos origines.
A Villiers-le-Genne, les acteurs issus du Rmb ont rajeuni. Pour eux, le spectacle ne peut se limiter à la gestion du passage de trains pour contenir un trafic intempestif et hétéroclite. Cette gare en terminus offre un bon cadre à leurs aspirations.
Le service de la voie, à l'instigation de Léonard Demarcq, a procédé à une adaptation au trafic. Une plaque tournante d'un diamètre suffisant pour la constitution et le retournement dans leur entier des trains circulant sur l'antenne a été substituée à la boucle de retournement. Le raccord en double voie a été supprimé, la ligne sera unique sur tous les futurs tronçons présentés au public.
Le service de la régulation a cherché à améliorer la qualité du "jeu" ferroviaire. A l'instar de nos confrères britanniques, des règles de circulation furent conçues, planifiées, avec la volonté de les mettre en pratique par roulement de deux opérateurs. Affiché pour le public, par tranche d'époque de circulation, un horaire cadencé sur une véritable horloge placée à l'une des extrémités du réseau est appliqué en exposition. Horaires adaptables au niveau technique des opérateurs.
"Vers 1965, un train de marchandises, tracté par une 141 R fuel, la 1182, provenant d'une gare en aval de la ligne, "Garrat" est réceptionné. La machine décroche, va faire son plein d'eau, car elle a bien vaporisé dans les ascensions et manoeuvre pour une remise en tête. Une vieille 020 allemande, dommage de guerre, Henschel peut-être, sort de la remise, prend en charge les wagons, les distribue en voie à quai haut de déchargement de la halle, en voie de service de réserve, puis dételage et recomposition du train avec des wagons en attente. Ces opérations peuvent être effectuées par une diesel, selon sa présence. Le convoi est préparé pour le retour, vérification des boîtes à essieux, des freins, accrochage de la lanterne de queue, attelage de la machine. Ceci en laissant, par créneau, une des voies principales disponible pour l'arrivée d'une "Caravelle", ou d'un X 2800 en provenance de "Gardebet", une autre gare de la ligne. Ces trains seront réexpédiés chacun suivant le planning. Leur composition est variable selon l'importance choisie à l'horaire. Ainsi, des tranches de vie ferroviaire peuvent naître, successivement, sous les yeux des spectateurs".
Pour les adhérents, cette voie unique permet une intégration plus rapide à l'atmosphère du réseau. Elle ne nécessite que des autorails, des trains courts, des patachons qui peuvent être plus facilement conçus, patinés, détaillés. La maîtrise de leur circulation rassure. D'autant plus qu'elle peut être commandée avec des boîtiers mobiles. Le conducteur se place là où,; cela lui semble nécessaire, il est presque à bord de sa machine. Les prises sont doublées côté public, l'amateur intéressé peut lui aussi devenir le mécanicien. Le plaisir est partagé.
Nous avons constaté maintes fois que la manoeuvre, sa synchronisation avec les circulations, est un des attraits essentiels du ferroviaire. L'attention est retenue, concentrée. Un souvenir précis et heureux de ce qui est vécu ou regardé imprègne les opérateurs, les spectateurs.
Ce week-end fut court. La mémoire garnie de nouveaux souvenirs, je vais rentrer ce dimanche en cette fin d'après-midi, un 3800 m'attend. Je repars tranquille, après avoir eu le plaisir de connaître Pierre Gorses, le nouveau responsable de la régulation du trafic de la région. L'antenne de Villiers-le-Genne a de l'avenir !

Press book

Un reportage sur le club et son réseau a été publié dans LA VIE DU RAIL du 06/02/1986 (n°2030)
Un reportage de ce même réseau a été publié dans LOCO-REVUE du 12/2000 (n°642)